Depuis 48H le coup de vent était sans cesse reporté. Les nuages défilaient haut dans le ciel et il faisait froid, un temps improbable pour un mois d’août. Un check météo au cyberbar du petit port ne m’avait pas permis d’avoir une idée précise sur l’évolution. Néanmoins, au travers des discussions entre pots, chacun y allait de sa prévis et on sentait (en fait on espérait) que « quelque chose » allait se passer. La soirée se déroula autour d’un rhum arrangé jusqu’à qu’il n’y est plus « d’arrangement » possible … Dimanche, 7H du mat, le volet se fracasse contre son montant provoquant mon take off intempestif du lit. Le coup de Nord-ouest est en cours. Habituellement il faut au moins 48 h pour une rentrée de houle intéressante et c’est « au cas où » que j’enfourne la board dans la caisse. L’air frais et B4 me reveille au son de « rock’n roll mother fucker », grattent bien les kiwi !. Les 10 mn qui me séparent du spot sont , à chaque fois, stressantes. Y aura, y aura pas … toujours en quête de repère, j’aperçois la pointe Cave qui blanchie sous l’écume, promesse de swell ? Il n’est pas 8 H et garé sous les pins qui bordent le spot, j’observe un seul et unique Bodyboarder.C’est l’été et forcémment il y en a toujours un qui fait le malin à attendre une série improbable. Soudain à 50 m au dessus des bouées, un set lève et le BB remonte pour se placer, laisse passer la première et la deuxième … démarre sur la troisième, se calle et se paye un barrel en août … Putain, putain, putain ! vite en combar! J’ai ressortie la 5/3 et , comme d’habitude elle est à l’envers, perte de temps. Je fini par tirer sur le zip et j’appelle Stef avant de me jetter à l’eau : Allo !, je te reveille, y’a 1.5 au cap et on est 2, arrive et prends l’intégrale (Steph, la tête dans le cul - le rhum ça arrange pas - est persuadé que je lui raconte des conneries). Je me jette du promontoir et rame jusqu’au pic. Protéger du vent, c’est glassy. L’eau est turquoise, froide mais turquoise. La bouée des 300 disparaît, la série va entrer dans le bowl. Je me place et entame une rame franche … 4 brasses suffisent à suspendre le temps … le rail accroche et l’épaule enfle face à moi : bienvenu dans un monde meilleur. Le concave translucide vert me renvoi l’image du fond qui défile sous la carène … roller … ça passe « just » … je reguarde trop le fond … elle va fermer et je tente un flottie … c’est passé ! Comme à chaque fois, ça monte au cerveau comme un vin de myrthe à jeun … je jubile en remontant au pic … Stef m’a rejoint et avec le BB , chacun y va de sa déferlante avec des dialogues impensables : Mais je vous en prie. Non, non c’est la vôtre ! Je n’en ferait rien … Prenez donc celle-ci, elle me paraît plus creuse … Hilare, boosté aux endorphines, c’est un festival … mais d’autres nous ont vu et le portable a fait son office … Il est bientôt 11 H et repu d’avoir pris le meilleur, je sors de l’eau ruisselant d’adrénaline … Carpe diem
