Au 12ème jour de trip, un apéro/pique-nique servie sur la falaise nous mis aux premières loges du spectacle de la nature. Sur l’horizon courbe crépitait la foudre d’un terrible orage. D’inquiétantes accalmies précédaient la mitraille, et nous eumes une pensée pour les marins dans la tourmente. Quand la troisième bouteille de Clos Patrimonio rosé fut essorée, nous décidâme d’aller nous coucher.
Dans la nuit, l’orage assailli la côte déversant furieusement un déluge de pluie sur l’île.
Levés tôt, nous avions plus de 3 heures de route et j’essayais de me persuader que même avec un désert à traverser, la récompense serait à la hauteur. Tantôt belle, tantôt tortueuse, la route traversait une nature sauvage qui fut, il y a plusieurs siècles l’une des zone les plus cultivée de l’île.
Au bout du chemin, serti entre roches rouges arides et marécages A Paradisa invitait la houle fraiche du matin à déferler sur ses bancs de nacres.
Mais ici pas d’accés. Crapahu à travers un sentier de mûle, planche sur l’épaule et jambes hargneusement griffées par le maquis. Arrivé en contre-bas, nouvelle épreuve : les orages ont gonflé les rivières et il faut passer à guet sur une centaine mètres, board et sac sur la tête, pour atteindre la plage. Ce n’est plus un trip, c’est le raid Gauloise !
L’eau qui croupissait depuis des semaines révèle ses arômes putrides, même les moustiques ont fuit. Mais c’est sans hésitation que j’y entre avec à l’esprit des vagues vierges sur une plage déserte. Au loin des jumelles nous observe…
Couteau à la ceinture et bras croisés, le visage caramélisé mangé par une barbe féroce, un homme nous intime l’ordre de nous arrêter : « halte ! »
« Vous ne pouvez pas continuer. Il faut que je vous explique la situation »
Il s’agit du responsable ONF (Office National des Forêts) : « Toute l’eau des montagnes converge dans ce golu, dans 2 heures environ, l’eau aura tout envahie et la rivière se transformera alors en torrent. Le courant sera tel que vous ne pourrez repartir »
Il jette alors un regard sur les housses et conclu : « Je sais que vous comprendrez et que vous ne vous laisserez pas avoir comme tout ces touristes inconscients … bon surf ! »
Le sable nacré, que la finesse des grains rend presque liquide, donne à la vague un éclat turquoise incomparable. 3 pics, Reid prend le gauche, à moi la droite !
La rivière, clepsydre de notre session, ne cesse d’enfler. Je prends chaque vague comme s’il s’agissait de l’ultime. Laissant l’eau glisser entre mes doigts, j’extrais l’essence de chaque ride, avec une extra-lucidité, ponctuant chaque kick out d’un coup d’œil sur le repère. L’eau s’en rapproche sûrement … inexorablement, et dans peu de temps, il me faudra quitter cet éden.
Cette session est à l’image de ce que devrait être la vie : sereine et belle en ayant à l’esprit que le temps nous est compté pour en éliminer toutes les futilités.
Il ne tient qu’à nous d’avoir su tirer le merveilleux du moment présent.
Carpe diem.
