Calliope,
J’imagine une spot presque sauvage, falaises jonchées de gigantesques aloès.
Une douce luminosité matinale transcende les couleurs et l’eau a cette intensité turquoise des îles de rêve. Des naïades au seins nus s’adonnent au culte du soleil.
J’imagine une vague dont la régularité n’a d'égal que la longueur de son déferlement. J’imagine Zin, les joues enflées par une respiration aussi intense que son ride, rugissant sa joie à mon passage et qui me rejoint au pic s’étonnant que nous ne soyons que 2.
J’imagine des sets de 3 vagues, prendre la deuxième et m’extirper de la lèvre, perdant pied face au mur qui s’érige face à moi – flexion, extension au bottom, j’inspire.
J’imagine un concave cristalin qui enfle démesurement, prenant des nuances qui vont de l’émeraude à l’ocre à proximité du reef. Et toute une constellation de points sombres voire rouges qui sont autant d’oursins et d’étoiles que j’imagine cramponés, de toute leur force, pour résister à l’onde – flexion, inspiration, roller, la section reforme et creuse.
En haut de vague, en appui sur le pied avant, l’accélération est brutale mais la lèvre me rattrape. La lumière s’estompe et le ronflement devient plus sourd, arcbouté sous le flot, je souffle à perdre haleine, et m’expulse in-extremis frolant l’enfermement.
La charge vibratoire est trop forte, je suis dans un tel état que je ne peux m’empêcher d’hurler pour exulter. Les synapses en transe, je sprinte pour remonter : Encore, encore !
J’imagine une vague comme celle-ci à chaque ride, tellement belle qu’on a envie de partager la session. Et que bientôt, rejoints par les siens, on puisse tous en profiter se prouvant ainsi à soi-même qu’il ne s’agit pas du produit de son imagine-session.
Epiloque :
Ce dimanche, le swell a surpris tout le monde, ou presque …Zin a ouvert le spot vers 8H30 et je l’ai rejoins peu après. Les vagues n’ont pas cessé de grossir avec une qualité de déferlement quasi parfaite. Vers 10 H nous étions 5, tous du cru, à partager l’essentiel. C’est l’une des sessions durant laquelle j’ai pris le plus de vagues, dont 3 incroyables avec la lèvre bien au-dessus de la tête.A midi le vent a tout ratatiné.
Ces conditions ne se rencontrent que 2 ou 3 fois dans l’année. Soleil, mini marée basse, houle parfaitement orientée, léger offshore, aucunes prévis et en petit comité.
Je ne vis le surf que pour ces moments là.
