Du petit village, « couronne de pierre » sur la montagne face à l’ouest, nous assistons au couchant. Ici point de luxe, seulement le calme et la
volupté, un verre de Colomba fraiche (bière aromatisée à la
myrte) ruisselant dans la main, dans la douceur de septembre.
Une semaine au rythme authentique de l’île. Une semaine avec des
couleurs à se mettre la rétine à vif et des parfums à s’en
brûler les narines.
Tous les soir, le sujet revenait au sunset de Balagne : surfer ici deviendrait
mémorable. Et chacun y allait de sa prévision dont le seul fondement était
l’optimisme.
Après une journée passée dans le Fangu à se rafraichir
dans les gigantesques trous d’eau ou sous les cascades d’eau claire,
nous rentrons au village. Le retour se faisant par la côte, je remarque
imédiatement la blancheur étincellante de l’écume
sur les roches rouges.
A l’arrivée, direction la forteresse batie autrefois pour lutter
contre les invasions sarrazines. Mais aujourd’hui, c’est la houle
qui assaille la baie !
Un lycra, la board sous le bras, nous prennons l’ancien chemin de ronde
qui mène mer.
Un shorebreak sauvage barre la mise à l’eau. Sans précipitation,
j’observe les séries pour éviter de me faire renvoyer « a
Casa ». La droite creuse et déroule, idéale … parfaitement
idéale …
Quelques pas d’élan, planche en avant, et saut par dessus le bouillon.
Je pousse à fond les 2 mecury qui me servent d’épaules
pour atteindre le pic.L’eau est si chaude que je ne la sent pas mais
ce qui me surprend le plus c’est le volume d’eau déplacée.
La vague est certes plus haute que moi mais elle large, très large …
Je suis rejoins par des locaux dont le niveau n’a d’égal
que la gentillesse, incroyable.
La discussion s’engage : « aïo, d’où tu es ? … » Le
gar avec qui je parle m’intérompt soudain : « Mi la série
ouuuuuuu ! Tiens, fais toi plaisir ! » me lance t-il alors qu’il
est idéalement placé à l’inside. La prise de vitesse
me grise … un bottom en douceur et un ride fusée sur du beurre®.
La luminosité de cette fin d’après-midi me sature les
sens. Une légère brise de terre dévalle la montagne et
me sert toutes les odeurs du maquis : Eucaliptus, myrte, immortelles … Je
crois saisir, en un instant, un avant goût du paradis et même la
cloche de l’église qui sonne 8 heures ne me ramène pas à la
réalité.