Franck lacaze
Date: 14 mai 2004 à 14:09:36 CEST
Sujet: Surf Interviews/Portraits


Interview de Franck Lacaze, rédacteur en chef de TRIP SURF magazine

Voici un interview de Franck Lacaze, le rédac chef du magazine Trip Surf que je connaissais de vue ya quelques années comme serveur ou pilier au bar "La choppe" à Anglet, d'ou  ma surprise quand j'ai appris qu'il était à Trip Surf!Donc un interview s'impose pour présenter ce personnage qui nous fait réver chaque mois  avec le magazine Trip surf...

charlytutu>> Pourquoi, quand et où es tu venu sur Terre ?


Franck >>Quelqu'un a dit que nous avons tous une mission en naissant mais que peu d'entre-nous savent laquelle. Je suis de ceux-là... Disons que j'essaye de profiter de tout ce que la vie a à offrir en emmerdant les autres le moins possible (c'est pas toujours compatible mais je m'y efforce). Administrativement parlant, je suis né le 1er Novembre (le jour de tous les Saints) 69 (grande année... l'homme a marché sur la lune) à Bayonne.



charlytutu>> >> Raconte-nous tes débuts sur les vagues ? Et les rencontres qui t'ont poussé vers le surf ?


Franck >>Ce ne sont pas des rencontres, mais un heureux concours de circonstances qui m'ont poussé vers les vagues. En l'occurrence, l'achat par mes parents du bar La Chope à la Chambre d'Amour à Anglet - face aux vagues des Sables d'Or. C'était en 1982. J'ai commencé par le bodyboard (qui en était à ses prémices à l'époque), chose que je ne regrette pas car cela m'a permis de voyager à l'¦il par la suite... Et cela a également contribué a faciliter ma progression lorsque j'ai daigné me lever sur mes deux pieds pour devenir surfeur 3 années plus tard.



charlytutu>> Une légende raconte que tu es le premier à avoir rentré El Rollo en bodyboard à Anglet. Es-tu ce légendaire biscotteur ? Pourquoi as-tu laché le BB ?


Franck >>Il paraît. En découvrant les meilleurs riders hawaiiens dans les mags de surf  de l'époque (Mike Stewart, Pat Caldwell entre autres, si mes souvenirs sont bons) et leur ride qui se  différenciait du surf grâce à une approche  "tridimensionnelle" de la vague (barrel roll et el rollo), j'ai essayé de reproduire ça sur les vagues angloyes. Au bout de quelque temps, j'ai finalement rentré les deux. Évidemment, la maîtrise de ces moves me donnait un avantage en compétition sur mes adversaires de l'époque (on devait être une vingtaine à faire de la compète, j'exagère à peine). J'ai donc dominé le BB métropolitain pendant quelques années et j'ai tiré la bourre aux Réunionnais (Stéphane Sisco en particulier). Cela m'a donc valu de voyager pour faire des compètes à droite et à gauche (le Morey Boogie Pipe contest en 1985 notamment ). J'ai définitivement arrêté le BB après les championnats du monde amateurs de Porto Rico en 1988 - où j'ai terminé 7ème - car je commençais à bien me démerder en surf et que je m'éclatais dix fois plus debout. La suite m'a donné raison...



charlytutu>>  Quel a été ton chemin pour passer du bar La Chope à Anglet à rédacteur en chef du magazine Trip Surf ?


Franck >>Lorsque j'ai eu mon bac en 1989, je suis parti étudier le journalisme à Paris pendant 3 années. J'ai donc été diplômé de Sporcom (une formation dispensée par le CFPJ de la rue du Louvre) en 1992. J'ai enchaîné avec l'armée au Bataillon de Joinville (une planque réservée à tous les sportifs de haut niveau), dix mois durant lesquels j'ai plus surfé et trippé que porté l'uniforme. À la quille, je suis parti en Écosse avec l'équipe de France pour participer aux championnats d'Europe de surf et à partir de là je suis progressivement devenu surfeur professionnel. Durant les années 90, j'ai surfé 90% du temps et j'entretenais ma plume en collaborant régulièrement avec Surf Session. Le journalisme m'a également permis de voyager puisque j'ai été "envoyé spécial" à G-Land en 1996 pour le Quiksilver Pro et à Tahiti en 1998 pour le fameux Gotcha Pro qui fit découvrir Teahupoo au monde entier (deux souvenirs impérissables, merci Gibus !). Quand j'ai mis un terme à ma carrière de surfeur pro en 1998, il n'y avait pas d'opportunités valables dans la presse et j'ai donc naturellement "glissé" vers la vie professionnelle (la vraie vie) en bossant dans le bar familial. Jusqu'à ce qu'un heureux concours de circonstances (le vrai faux départ du rédac-chef de l'époque) me permette de devenir rédacteur en chef de Trip Surf en décembre 2000.



charlytutu>>  À part les voyages et le bon temps, en quoi consiste ce job exactement ? Quel est l'aspect le plus palpitant pour toi ?


Franck >>Détrompe-toi, je prends du bon temps mais je ne voyage quasiment plus. Mon boulot est avant tout un travail de bureau. Mes tâches et mes missions sont très variées et c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce job. En vrac, mes missions consistent à prévoir et planifier le contenu des futurs numéros, trouver des idées de sujets qui plairont aux lecteurs, commander les sujets, missionner des collaborateurs, relancer les mecs lorsqu'ils sont à la bourre pour livrer un texte (c'est souvent le cas), choisir (ou refuser) les photos que nous amènent les photographes, veiller à ce que l'éditing (le choix, l'ordre et le rythme des images) et la mise en page soient bons, cohérents et en accord avec notre identité rédactionnelle, choisir l'ordre des sujets dans le mag et le nombre de pages de chacun en fonction de la qualité des images et de la longueur des textes, gérer les egos de certains, éteindre les incendies, écrire bien sûr et pas seulement l'édito, pêcher les informations, gérer des budgets, veiller à respecter les délais imposés par le calendrier de parution, etc... Cette liste est loin d'être exhaustive. Globalement, c'est pas mal de stress, surtout en période estivale lorsque les bouclages s'enchaînent, mais d'un autre côté, ce job nous (je parle au nom de la rédaction dans son ensemble) autorise à gérer notre temps de manière relativement souple (en accord avec les autres bien sûr, car le boulot de chaque membre de la rédac est complémentaire de celui des autres). Cela nous permet d'aller surfer lorsque les vagues sont bonnes par exemple, quitte à travailler la nuit s'il le faut. Cette souplesse est sans doute l'un des principaux avantages de notre métier. Hormis le fait de baigner dans une ambiance surf permanente et d'avoir les vagues à un jet de caillou de nos ordinateurs (nos bureaux surplombent la Côte des Basques à Biarritz)... d'être équipé et habillé à l'¦il par les meilleures marques de surfwear, d'avoir un quiver gratos chaque saison, et d'être continuellement sexuellement harcelé par les miss Reef... Je plaisante... le quiver gratos c'est tous les 3 mois.



charlytutu>>  As-tu déjà empéché la parution d'articles ? Si oui, pour quelles raisons ?


Franck >>Pas vraiment, car tous les sujets sont planifiés et commandés. Il y a donc rarement de mauvaises surprises. Par contre, il arrive parfois qu'un photographe (ou journaliste) missionné ne ramène pas les images (ou l'article) attendues (pas de vagues, pas de lumière, etc...). Dans ces cas-là, soit on limite le nombre de pages, soit on annule purement et simplement sa parution et on remplace le sujet par un autre. Plus généralement, quand un article n'est pas en accord avec mes attentes, je demande au collaborateur de le réécrire.


charlytutu>> Pour pondre un magazine par mois, cela demande un bouleau de fou ou plutot relax ?


Franck >>C'est plutôt pas mal de boulot, mais si je fais bien mon job de rédac-chef et que les sujets sont planifiés et commandés suffisamment à l'avance, cela se passe généralement bien. Cela dit, c'est plus facile à dire qu'à faire et il m'aura fallu un peu plus d'une année pour bien l'assimiler. C'est chose faite et notre période printano-estivale traditionnellement hyper active s'est déroulée plutôt confortablement ces deux dernières années... Il n'y a pas de raison que ça ne continue pas.



charlytutu>>  Es-tu satisfait ou surpris de l'évolution du magazine ?


Franck >>Disons que j'essaie de faire évoluer le magazine en fonction des attentes de nos lecteurs, de mes aspirations, de celles de mes collègues, tout en respectant une certaine identité propre à Trip Surf mise en place par mes prédécesseurs. De ce point de vue-là je suis plutôt satisfait de l'évolution de Trip Surf, même si j'évite de fanfaronner. On ne progresse pas en se satisfaisant de ce que l'on fait. Mais rien ne me fait plus plaisir qu'un lecteur qui m'aborde en me disant qu'il a adoré tel ou tel sujet.



charlytutu>> Comment définirais-tu l'état d'esprit de votre magazine en 3 mots ?
Authenticité, proximité, funkycité.

charlytutu>>  À ton avis, quelle genre de rubrique a le plus de succès ?


Franck >>Ce n'est pas mon avis mais celui des lecteurs que je vais te donner. D'après nos enquêtes effectuées auprès d'eux, ils veulent du pratique et de l'évasion. En clair, des voyages et des conseils qui faciliteront leur pratique. Le régions ont aussi une place prépondérante dans Trip et sont fortement identitaire. C'est notre force, on peut dépayser le lecteur en l'embarquant au bout du monde et, quelques pages plus loin, lui donner des infos fraîches de son home spot. Pourquoi crois-tu que Surf Session a instauré une rubrique régions dans ses pages ?

>>C'est bien vrai...pourquoi donc!



charlytutu>>  Pour écrire l'édito d'un magazine cela demande beaucoup de travail ou c'est à l'arrache ?


Franck >>Ça dépend des numéros. Soit j'ai un sujet qui me sensibilise sur lequel j'ai envie d'écrire et qui, je l'espère, sensibilisera les lecteurs. Dans ces cas-là, ça coule tout seul. Soit, rien de particulier ne m'inspire (comme dans le dernier numéro sur Hawaii) et là c'est au feeling. Je me pose devant mon clavier et je déblatère mes conneries en faisant en sorte que ça veuille dire quelque chose à l'arrivée. Mais c'est vrai que c'est parfois l'angoisse car c'est souvent le dernier texte qui est écrit dans le numéro et donc tout le monde n'attend que ma prose avec un regard accusateur.

charlytutu>>  Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui n'en veut, et qui veut prendre ta place dorée ?


Franck >>Il faut avant tout être passionné (difficile de ne pas l'être dans ce milieu), surfeur assidu pour être crédible, et avoir une bonne base littéraire à défaut d'une formation de journaliste. Après c'est une question d'opportunités et de relations.

charlytutu>>  Les bandes dessinées de Wilfried Desmond dans le mag Trip surf sont-elles une image fidèle ?


Franck >>Oui et non. Le côté roots que dépeint Wilfried dans sa BD est assez proche de la réalité Trip Surf. Le bordel, les posters de filles sur les murs c'est plutôt semblable à nos locaux. L'esprit aussi j'imagine. Par contre, Fred est un personnage purement imaginaire. Heureusement pour nous...



charlytutu>>  Tu as été Champion d'Europe Master, quelle a été ta sensation ? À quand les championnats du monde ?
Franck >>Senior man, s'il te plaît. Pas master ! Senior man c'est de 28 à 35 ans et master à partir de 35 ans. Ne m'enterre pas avant l'age (je serai master l'année prochaine)... Super souvenir évidemment, bien qu'un peu brumeux vers la fin de la nuit qui a suivi la remise des prix. C'est mon seul titre européen et surtout, ces championnats d'Europe 2001 m'ont permis de réintégrer l'équipe de France huit ans après ma dernière sélection et d'y retrouver les Picon, Beven, Rebière, Robin, Abgrall, Joly, Piter, etc... C'est toujours sympa de faire partie d'un tel collectif. Malheureusement, il n'y a pas de championnats du monde senior man. Par contre je compte bien devenir champion de France master (35-45 ans) et éventuellement réintégrer l'équipe de France pour glaner un deuxième titre européen. Si je ne rouille pas trop d'ici là...

charlytutu>> Que penses-tu de Surf4all ?
Franck >>Contrairement à mon collègue Bertrand qui y passe ses nuits, je ne me balade pas trop sur le net, hormis pour aller chercher des infos. Mon avis n'est donc pas celui d'un expert. Cela dit, j'ai eu l'occasion de glisser quelques posts sur le forum de Surf4all. Ce genre de forum te fait mesurer qu'il existe une vraie et grande communauté glisse en France. Bien plus vaste et variée qu'on ne l'imagine. Le forum de Surf4all est d'ailleurs, avec un autre que je ne citerai pas, le plus actif et le plus vivant du net destiné aux "riders". Par contre en t'y baladant, tu te demandes parfois ce que font certains mecs dans la vie.



charlytutu>>  Tu préfères Vincent Lagaff ou Jean-Pierre Foucault ? Pourquoi !? (« aucun des deux » pas valable !)


Franck >>Sans hésitation Jean-Pierre Foucault, surtout depuis qu'il a changé de coupe de cheveux. Mais avant tout parce qu'il ne fait pas de jet ski comme l'autre blaireau, alors qu'il aurait pu largement s'en payer des centaines avec tous les millions qu'il gagne (bien plus que les candidats à qui il les promet, les millions).



charlytutu>> Un dernier petit mot !
Franck >>Ridez plus et donnez-vous les moyens de le faire. On n'a qu'une vie bordel ! (N'en déplaise aux Balinais hindouistes que j'adore et chez qui j'ai failli laisser ma peau un sombre soir d'octobre 2002).

>>Merci à toi pour cet interview !

 



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