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Thomas Joncour
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Thomas Joncour ou la course de l'Antilope blessée.
Thomas le Zinédine Zoncour breton.


 

 

Thomas Joncour ou la course de l’antilope blessée.

 

Je connais Thomas depuis plus de dix ans et je le considère comme mon frère même s’il semble porter des gènes d’une espèce inconnue. J’ai toujours connu Thomas comme le petit prodigue du surf à l’aise dans les airs comme sur des vagues consistantes. Depuis que nos parcours se sont croisés, il porte le statut de sportif de haut niveau. Et là, je ne vous le cache pas un épais mystère demeure.

 

Thomas peut être un charmeur, un fantaisiste, un voyageur, il peut se présenter comme un clown, un sage ou un poète, mais non, mille fois non, Thomas n’est pas un sportif, surtout si le terme haut niveau lui est accolé. Quelques anecdotes vous permettront de comprendre ma tenace interrogation.

 

D’abord c’est un véritable spectacle que de voir Thomas arpenter et déambuler sur un terrain de football. En effet lorsque les conditions estivales bretonnes s’installent, les surfeurs et bodyboardeurs locaux, plutôt que de se morfondre en d’infinies prières pour réclamer des vagues, décident de s’associer pour jouer au football sur un vrai terrain. Bien sûr les équipes peuvent regrouper plus de vingt joueurs, mais l’esprit du sport règne en maître. Thomas, fidèle à son caractère conquérant, choisit le poste le plus en vue : attaquant. Fidèle à sa bonne humeur légendaire, c’est avec avidité et délectation, qu’il s’élance sur chaque ballon pour tenter de marquer le but triomphateur.

 

 

Et là, le mystère est à son comble : alors que le surfeur semble un prince de l’équilibre dans les vagues, le modeste terrain de football opère une curieuse métamorphose sur notre ami et le statut de sportif apparaît comme une farce d’écolier. L’attraction sur le terrain c’est Thomas, le Zinédine Zoncour breton, la Jonquille footballistique. Il faut le voir marquer un but du genou alors qu’il voulait shooter avec le pied pour comprendre : sur terre le surfeur est complètement désaccordé et dégingandé. Seule son rire et ses éclats de voix semblent en osmose avec sa volonté. S’il veut brosser le ballon avec la tête, c’est l’épaule, le dos ou les fesses qui se chargera d’effleurer le ballon. S’il veut passer la balle à son équipier c’est vers son adversaire qu’elle se dirige. Et l’on voit alors l’équipe de Thomas se ruer vers sa défense pour réparer l’impair du footballeur du dimanche et des jours sans vague.

 

 

Peut être aurez vous un jour la chance de le voir courir. C’est stupéfiant, Thomas cours comme une antilope blessée ou comme un ivrogne enragé. C’est extraordinaire, le buste désarticulé, les jambes écartés, le visage béat et les cheveux dorés dans le vent, Thomas apparaît comme une hallucination digne des moments les plus fous des années soixante dix. Ses bras déchaînés opèrent des mouvements magnifiques à l’image d’un crawl terrestre, comme s’il appelait le vent à sa rescousse. Son rire de diable et ses cris de veau affolé donnent à la scène une musicalité terrifiante, digne d’un film ukrainien d’avant garde. Une fois l’effort terminé, la bête essoufflée et haletante s’effondre sur le sol et nous regarde avec ses yeux d’enfants en nous disant : « J’ai bien couru non ? » On lui répond gentiment « Ouais ! C’était très bien », mais nos pensées sont ailleurs et l’on se demande par quel prodigue et quelle magie cet être étrangement inadapté à la vie terrestre se transforme dans l’océan en un redoutable surfeur. Je ne parviendrai jamais à soulever ce mystère : comment une antilope blessée se transforme-t-elle en mammifère des mers ? Tu ne veux pas me dire Thomas comment tu fais ?

 

LE TROLL.


Par le_troll

 
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