La Magic Xpression 2006, la grande classique des sports de glisse en Bretagne, s’est courue ce week-end sur les fameux spots de la Presqu’île de Crozon (29). Cette manifestation, organisée par Magic Surf et le Centre Nautique de Crozon Morgat en était cette année à sa 17ième édition consécutive. L’objectif de la compétition est de consacrer le meilleur « waterman », à savoir le coureur le plus complet au classement cumulé de plusieurs épreuves disputées dans les vagues en fonction de la météo : windsurf, surf ou paddleboard.
La Magic Xpression est aussi traditionnellement, chaque année, l'occasion d'un grand rassemblement festif entre passionnés de tous niveaux, qu’ils soient amateurs ou professionnels. De grands noms du windsurf français étaient donc présents, dont le Champion de France de funboard en titre Mathieu Bonno. Au terme de trois jours de compétition dans des conditions parfois dantesques, c’est finalement le local Thierry Belbéoc’h, ancien Windsurfeur Pro et aussi excellent surfeur, qui s’est imposé sur les énormes vagues de Goulien, son spot de prédilection.
Dès la première journée, l’épreuve avait démarré en fanfare, les deux premiers tours éliminatoires de windsurf ayant été bouclés dans de très solides conditions de mer et de vent. Après avoir envisagé un temps de lancer les épreuves d’expression dans les vagues sur la plage de La Palue, les organisateurs de ma Magic XPression avaient finalement décidé à la dernière minute de déplacer les 54 coureurs inscrits sur le spot de Goulien, un peu plus abrité de la houle.
C’était manifestement une sage décision : dans l’anse de Dinan, les vagues atteignaient déjà un bon 4 mètres (soit « taille de mât » pour les planchistes), avec un vent de sud irrégulier montant jusqu’à plus de 35 nœuds. Une fois de plus, la Presqu’île de Crozon, souvent qualifiée « d’Hawaii européenne » se montrait à la hauteur de sa réputation.
Les amateurs eurent donc eu fort à faire dans le premier tour qui leur était réservé; le passage de barre étant très technique dans ces grosses conditions. Il s’agissait surtout de bien se placer sur le plan d’eau pour marquer un maximum de points en sauts et en surf dans les 8 minutes imparties, toute chute se traduisant par un passage dans la « machine à laver » souvent synonyme d’élimination. Quelques uns des coureurs amateurs se mettaient toutefois mis en évidence, en particulier les Crozonnais, habitués du spot.
A l’issue des huit séries de ce premier tour, les meilleurs des amateurs rencontraient ensuite les « pros » dans le second tableau éliminatoire. Les têtes de série, à l’image de Thierry Belbéoc’h ou de Matthieu Bonno se qualifiaient assez aisément, mais quelques amateurs continuaient à briller, comme le « local » Philippe Touffait ou encore Jean-Marie Hyrien et Thomas Rouxel dont le niveau en surf est visiblement très proche de celui des meilleurs.
Après trois heures de compétition, alors qu’on abordait les quarts de finale, la trop mauvaise visibilité contraignait les juges à remettre la suite au lendemain.
Force 8 et 5 mètres de vagues !
Le second jour, la matinée grise et peu ventée était consacrée au premier tour de l’épreuve de surf. Puis le vent et le soleil revenaient à la mi-journée sur le spot de Goulien. Les organisateurs pouvaient alors lancer comme prévu la suite de la compétition de windsurf interrompue la veille au stade des quarts de finale.
Les premiers coureurs partis tester le plan d’eau confirmaient que les conditions s’annonçaient encore plus radicales que le vendredi. Thierry Belbéoc’h, complètement surtoilé en 4,7m2 annonçait : « C’est comme Pozo en quatre fois plus gros ! ». Pozo étant le site d’une étape canarienne de la coupe du Monde de funboard réputée pour son vent particulièrement violent, le ton était donné ! Le Morgatois gréait alors des surfaces qu’il n’avait pas utilisé en Bretagne depuis des années: une 4m2 et même une 3,6m2 !
Pour corser encore le tableau, les vagues atteignaient quant à elles un bon mètre de plus que lors de la première journée, à savoir pratiquement cinq mètre dans les plus grosses séries !
Le vent fraîchissait encore alors que la première série partait à l’eau : un bon 40 nœuds et plus… Xavier Quéméneur avouait avoir bien du mal à border sa micro voile de 3,4m2 !
Dans ces conditions extrêmes, seuls les meilleurs et les plus expérimentés sortaient du lot et l’on retrouvait logiquement en finale plusieurs vétérans : le « local de l’étape », Thierry Belbéoc’h, toujours aussi à l’aise dans le gros, ainsi que l’inusable Xavier Quéméneur et Gérald Pelleau. Le quatrième finaliste était un peu plus surprenant : il s’agissait de Pierre Gloaguen, un Breton installé à Tarifa (Espagne) qui s’avérait très à l’aise dans ce « baston » digne du fameux Levante andalou.
Dès la finale lancée, Thierry Belbéoc’h prenait les choses en main : il alignait deux magnifiques forward loops très hauts, suivis d’un surf long et appuyé. Puis l’ancien Champion de France enfonçait le clou d’un incroyable backloop à plus de 10 mètres de haut et parfaitement posé. Pendant ce temps ses adversaires peinaient à trouver des points dans des conditions de plus en plus difficiles en raison du vent qui faiblissait un peu en passant de plus en plus « onshore » (de mer).
A quelques minutes de la fin, Belbéoc’h tentait un nouveau backloop très loin au large, sur un monstre bien plus haut que son mât… Mais le mât en question cassait précisément à la réception de la manœuvre et c’était parti pour un long passage dans la fameuse « machine à laver » de Goulien! Fort heureusement, cette mésaventure ne changeait rien ou résultat ; l’avance prise sur les trois autres coureurs pendant les dix premières minutes suffisant largement au malchanceux pour l’emporter. Ce n’est qu’après vingt bonnes minutes de natation que le vainqueur parvenait enfin à remettre pied à terre, avec une voile en lambeaux mais néanmoins très heureux de s’être imposé sur son spot favori. Derrière lui, Pelleau devançait finalement Quéméneur et Gloaguen. Et, pour conclure cette journée marathon, la finale des perdants était remportée pour la cinquième place par Matthieu Bonno.
Le troisième jour, le vent prévu se levait finalement trop tard pour pouvoir lancer une nouvelle épreuve en windsurf. Mais la houle résiduelle était encore largement suffisante pour boucler la compétition de surf. Dans des vagues de deux mètres, c’est le Morbihannais Frédéric Jézéquel qui s’imposait très nettement lors de la finale devant Robin Goffinet. Thierry Belbéoc’h décrochait quant à lui le titre de « Waterman » en se classant quatrième en surf, confirmant ainsi sa grande polyvalence dans deux disciplines très différentes.
La belle performance des deux seules filles inscrites est aussi à souligner : Pascale Chouraqui se classait à une très belle 9ième place en surf et était sacrée "Waterwoman", devant Solange Pruvost la Championne de France de funboard 2006.
Avec deux compétitions de surf et de windsurf validées en trois jours dans des conditions exceptionnelles, la cuvée 2006 de la Magic XPression aura été assurément un très grand cru !
Classement windsurf:
1/ Thierry Belbéoc’h (Naish/Quiksilver)
2/ Gérald Pelleau (Starboard/Severne)
3/ Xavier Quéméneur (Exocet/Naish)
4/ Pierre Gloaguen (Exocet/Loftsails)
5/ Matthieu Bonno (JP/Neil Pryde)
6/ Frédéric Jézéquel (Starboard/Severne)
7/ Lionel Jouanigot (Exocet)
8/ Frédéric Debuire (Fanatic/North sails)
etc. (54 classés)
Classement surf:
1/ Frédéric Jézéquel
2/ Robin Goffinet
3/ Pierre-Marie Saint Mleux
4/ Thierry Belbéoc’h
etc. (29 classés)
Classement “Waterman 2006”:
1/ Thierry Belbéoc’h
2/ Frédéric Jézéquel
3/ Gérald Pelleau
etc. (54 classés)
Photos : Julien Ogor/Magic Surf
