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Rencontre: shaper Guilhem Rainfray
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Si vous le croisiez, il y a fort à parier que vous ne vous douteriez de rien…

Et pourtant, ce monsieur dissimule derrière sa barbe et ses petites lunettes plus de 35 ans de shape.
Il a vécu la naissance du shape moderne en France et suivi toutes les modes, jusqu'aux plus outrancières pour atteindre aujourd'hui une maturité reposante.
Aujourd'hui, il se consacre à son art en puriste, libéré des effets de mode.

C'est la passion du shape qui m'a permis de rencontrer Guilhem (que certains connaissent sous le pseudo de Balsa sur www.shaperoom.net , le portail shape français et maintenant sur www.surf4all.net ) et c'est une rencontre que j'aimerais vous faire partager.
Il suffit de l'écouter pour plonger dans un univers de délices surfistiques et historiques (lire ce post: septembre 73 pour s'en convaincre: http://www.surf4all.net/modules.php?name=Forums&file=viewtopic&t=10302 ).
Entre ses débuts en 1969 et aujourd'hui, on comprend/ au fil des conversations que sa trajectoire a croisé celles de nombreux mythes du surf et du shape. Pour autant, le bonhomme reste discret et modeste.


Commentaire par Guilhem lui même: Un mec en extase à Parlementia, mais je ne sais pas qui c'est...

Salut, peux tu te présenter rapido ?
Je suis Guilhem Rainfray, 50 ans (et demi), originaire de région parisienne, je vis maintenant à Guethary.

Comment en es tu arrivé à vivre ici ?
Ma famille a toujours eu une maison à Guethary. J'y suis venu en vacances tout au long de ma vie jusqu'à ce que je décide de m'y installer pour de bon en 1987.

Quel a été ton parcours de surfeur débutant ?
J'ai surfé pour la première fois en 1966. J'avais loué une planche chez Jo Moraïz.
J'ai débuté à la Côte des Basques puis à Guethary.


A droite, ma toute première planche, une Barland/Rott achetée 550 F en 67, bourrée de "pets". A gauche, ma Greek Maui Model (450 F en 69, presque neuve). A partir de 68, les possesseurs de longboards les ont soit bradés soit reshapés en plus court. (Avis à la population: si quelqu'un me retrouve cette Greek, je lui fais un longboard trois lattes gratis)...

Quelle a été la première planche dont tu aies été propriétaire ?
Une Barland Rott de 10 pieds d'occase. Je ne saurais pas dire si j'ai fait véritablement une affaire en or. J'ai payé cette planche 550frs à l'époque alors que le prix d'une planche neuve était de l'ordre de 650. J'ai réussi à décider mon père à m'aider à financer cet achat somptueux.
Sur les conseils de Moraïz qui n'avait rien à me proposer, j'ai dégoté la planche.
Ensuite, je me suis inscrit au club de surf et j'ai entrepris de gratter la peinture qui couvrait la planche… j'y ai découvert de nombreux pets un peu partout… vraiment une affaire en or.


Je devais avoir 16/17 ans là-dessus. Je venais de racheter cette Barland/Tony Holt à J.P. Faber, lequel avait réalisé cette déco "punk". Je me souviens qu'elle faisait 210 x 44 Cm,
mais comme j'en avais déjà shapé une de 220 x 36 en 70, je n'étais pas trop dépaysé...

Quand as tu osé te lancer dans le shape ?
La première date de 1969. Elle a été réalisé dans des conditions particulièrement spectaculaires.
A l'époque, je vivais dans une chambre de bonne du 17ème arrondissement de Paris.
Autant dire qu'on était loin du shaperoom idéal. De plus les infos et le matos n'étaient pas aussi faciles à dégoter que de nos jours.
Enfin, on a shapé et stratifié un/ genre de knee board dans la chambre de bonne, ce qui a valu l'intervention des pompiers à cause de l'odeur épouvantable qui se dégageait.

Quelle a été la suite des événements pour toi ?
A ce moment, je partageais les ateliers entre Paris selon les opportunités et Guethary. A Paris, j'ai bénéficié de la chambre de bonne, de caves, d'ateliers de marchands de bateaux et autres astuces. A Guethary, le garage d'abord puis un appentis spécialement conçu m'offraient d'avantage de confort.
Au total, j'arrivais à sortir environ 20 à 25 planches par an.


Début des années 70, grande plage de Biarritz. Un jeune et bel athlète devant le "campement". De gauche à droite: la Chuck Dent de J.B., la Gordon & Smith du regretté J.P. Faber, une horreur faite je ne sais plus par qui (je jure que ce n'est pas moi!), une Barland/Bob Cooper, une Barland/Tony Holt.

Je suppose que les matériaux n'ont pas toujours été aussi faciles à dégoter que maintenant ?
C'est le moins que l'on puisse dire.
J'ai commencé avec du balsa, de la résine polyester et de la fibre de verre qu'on trouvait chez Rougié et Plé (magasin d'arts plastiques) qui devait faire royalement 2oz.
Ensuite, j'ai travaillé sur de la mousse d'isolation qui était utilisée sur des remorques de camion. On allait s'approvisionner à Dax, chez Cazaux.
Puis, durant les années 70, Barland a bien voulu nous lâcher quelques un de ses pains "second choix". Il produisait localement sous licence de Clark.
Enfin sont venus d'Australie les pains Burford, de Californie les pains Clark et de France les pains Surfoam.


 Votre serviteur à Parlementia.

Comment te démerdais tu pour trouver des templates ?
Globalement, je copiais et "arrangeais" des planches existantes qui me servaient de modèle. Encore une fois, il était difficile de se procurer des infos en masse comme on peut le faire aujourd'hui. Le tout demandait pas mal d'expérimentations. De plus l'époque qui va de 69 à 80 a vu les planches évoluer de façon importante/ et les expériences étaient nombreuses.


Qui a dit que les guns étaient réservés au grosses vagues? G.R. à Bidart, dans 80 Cm, avec une pintail 7' 6". Il est donc prouvé que le ridicule ne tue pas...

Fort de ton expérience, as tu jamais songé à faire ton métier du shape ?
Quand je me suis installé à Guethary, j'ai décidé de revoir mes orientations professionnelles. Alors que je travaillais auparavant comme cadre dans une grosse société, j'ai suivi une formation de charpentier / menuisier.
Quand j'ai déclaré mon activité de menuisier, j'ai inscrit "fabrication de planches de surf" dans les statuts. Ainsi est née "Guilhem Rainfray Surfboards".
De 1989 à 2000, j'ai donc porté les deux casquettes de shaper et de charpentier.
En 2000, j'ai donné le nom de "Guethary surfboards" à ma production.
J'ai arrêté l'aventure pour des raisons économiques (rentabilité hasardeuses en regard du temps passé) en 2002.
Entre 69 et 2002, j'ai du produire environ un millier de planches.


Swallow winger twin d'inspiration Mark RICHARDS et single (1980). Quasiment les premières réalisations qui commencaient à ressembler à des planches...

Quel genre de planches shapais tu principalement ?
Eh bien du fait de ma localisation et de mes vagues de prédilection, je travaillais essentiellement sur des longboards et des guns. J'ai bien fait des shortboards mais l'essentiel de mes planches étant destiné aux vagues de roche solides du sud du Pays Basque, j'ai surtout fait des planches assez grandes.

Aujourd'hui, shapes tu encore un peu ?
Bien sûr, je shape toujours.
Ce truc est une passion. Mais je me contente de bosser sur des shapes plus pointus pour des amis surfeurs.


un petit diamond-tail avec un outline single rétro mais monté en thruster, en démo à Lacanau lors d'une journée "expo" avec l'Association des Shapers d'Aquitaine.
 

Quels sont les shapes qui t'inspirent le plus ?
J'ai toujours une forte attirance pour les longboards et les guns avec lesquels je me sens à l'aise.
J'ai toujours pris plaisir à les shaper. Bien qu'ils aient disparu un temps du paysage, j'en ai toujours produit. Le retour du long dans les années 90 a été très intéressant. La ré-interprétation des shapes et le surf "newschool" ont beaucoup apporté.

Mais les petites dans l'affaire ?
J'aime ça également mais je ne me sens pas proche de la production de planches "performance" comme certains shapers.
Mon plaisir quand je shape de petites planches est d'avantage dans la recherche formelle, le retour aux sources, vers une glisse plus pure.
J'aime les singles, les bonzers, tous ces shapes "anciens" que je retravaille pour les rendre plus faciles à surfer et en phase avec ce que le surf est devenu.
En fait, j'aime les planches vraiment uniques.


 Le shaper masqué a encore frappé! (A l'absence totale de poussière, on voit bien que c'est du "bidon"...)

Avec ton expérience, je suppose que tu as un regard critique sur la production actuelle des planches de surf ?
En effet, j'ai mon idée sur la question. Je ne rentre pas dans les polémiques.
Ce que je sais c'est que je trouve mon compte à travailler des pièces uniques.
J'ai un bagage d'artisan et ça me donne forcément un regard particulier.
J'aime faire tout moi même, en prenant le temps de bien faire.

Merci Guilhem.


Guilhem Rainfray à travers les ages.


Par Lob

 
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