L’aube pointe sur la région de Taghazout. La plupart des camions aux alentours sont encore endormis. Quelques chiens à moitié sauvages poussent quelques hurlements comme pour répondre aux camions qui passent sur la route voisine. L’horloge biologique du chamo est très bien réglée et j’ai généralement le sommeil léger en fin de nuit. Après avoir cligné trois fois des yeux j’ouvre la porte du camion. Elle est tournée vers l’océan et donc protégée du vent off shore qui lisse le plan d’eau.

Il fait encore très sombre. Les étoiles sont toujours là. Je me glisse prudemment en dehors du camion. Un léger souffle passe sur mes mollets. Premier frisson. La houle est là. Il va y avoir du monde à l’eau aujourd’hui. Je me retourne vers la montagne et je vois à peine poindre le jour.

L’avantage au Maroc c’est qu’une partie des surfeurs est trop enfumée pour se lever tôt le matin… Il y a donc un créneau à chopper. Il est temps de réveiller les collègues qui pioncent encore. « Quoi déjà ? Mais il fait encore nuit ! » Le temps de les sortir de leurs doux rêves et le ciel change déjà de couleur.

Un moment à ne surtout pas négliger pour la session du matin c’est l’échauffement. C’est hyper chiant mais ça peut éviter de sales surprises. Si en plus on ajoute à ça le spectacle que forment les vagues qui déroule et le ciel qui déchire, il n’y a vraiment pas de quoi s’en priver…

Certains ne peuvent pas aller surfer le matin sans quelque chose dans le ventre, moi c’est le contraire, tout ce que j’avale le matin avant d’aller à l’eau me revient comme le goût de l’ail pendant la session. Une petite promenade jusqu’à la pointe permet de réveiller les sensations des pieds nus sur le goudron (ou sur les cailloux c’est au choix). Il y a quelques séries qui rentrent, on devrait se gaver.

On a un peu traîné aujourd’hui car on arrive à y voir quelque chose. C’est vrai que certains matin on a du mal à voir les séries arriver. Les take off sont alors presque comiques car l’eau est noire et il faut vraiment anticiper sur le déroulement de l’ondulation. C’est d’autant plus critique qu’ici les rochers ne sont pas loin et une plantade peu devenir problématique. Par contre quand ça passe, quel plaisir de pouvoir sentir la planche fuser sous les pieds avec ce spectacle de lever de soleil accompagné d’un restant d’étoiles…

Il arrive aussi de se faire piéger par plus précoce que soit. De toute façon, j’ai toujours rencontré des gens détendus parmi les matinaux. C’est difficile de tomber sur un vrai connard. On trouve à la limite en France le mec un peu pressé qui veut prendre ses vagues avant d’aller bosser mais c’est tout… Le fait de voir un type shooter alors qu’on est pas encore dans l’eau ne fait que donner plus encore l’envie d’aller à l’eau.

A Taghazout, la session en solo à l’eau ne dure rarement plus d’une heure mais il reste quelques temps avant que la meute n’arrive vraiment. Au sortir de la session du matin on tombe souvent sur ces gosses qui vous font cracker sur leurs beignets alors que la faim commence à se faire sentir. On sent la chaleur monter et la journée commence vraiment.

La session du matin est commune à beaucoup de spots. Le thermique qui se lève sur le coup de midi est là pour faire prendre conscience que la matinée est le moment le plus important dans la journée du surfeur. Il arrive donc logiquement qu’on se retrouve à surfer sous la lune !

Poussé à l’extrême, le concept peut se révéler pervers, je me suis ainsi retrouvé à surfer de nuit à Bali à cause d’un décalage horaire mal digéré…

Dans nos contrées, le réveil est généralement rude. Dur l’hiver quand il fait froid et dur l’été car c’est vraiment tôt ! Si on ajoute à ça la bringue de la veille, c’est dur de surfer le matin. Pourtant le jeu en vaut la chandelle que ce soit dans le médoc

ou dans les landes.

Alors bougez vous le cul !!

Bobolechamo

"trop trop bon ce récit matinal!CIMER ctutu"