
Le Boeing de la RAM pose bruyamment les roues sur la piste lumineuse
de Marrakech. Florent et Fred, rencontrent la terre marocaine, l'air
est tiède, la chaîne du haut-Atlas déroule ses sommets
à l'infini, le sourire est de mise. Dans les housses, les planches,
intactes, ont fait le voyage. Les riders éprouvent rapidement
leurs structures à travers l'étoffe et évacuent
alors ce petit stress mesquin, inévitable.
Les jouets sont intactes, tout comme cette promesse de faire voler la
poudre et de toucher les vagues, ici, au sommet des déserts,
dans ce chaleureux pays de couleurs. Mais avant de se précipiter,
il faut, un verre de thé à la menthe à la main,
s'acclimater. Choisir la terrasse la mieux située, au dessus
de Djemaa el-Fna, cette place mythique et pseudo-mystique, animée
en tous cas. Il faut écouter, voir, sentir, simplement, et respirer
aussi.
En
bas les charmeurs de serpent, en bas les presseurs d'oranges, en bas
les diseuses de bonne aventure, la rumeur, les acrobates, les escargots
à la vapeur, les fruits secs, les ânes, les mobilettes,
les singes, en bas ce vieux cheval maigre attaché à sa
calèche.
Loin des plaines sablonneuses, les riders font leurs premier pas sur
les pentes du Toubkal. Une mule sympathique (toutefois caractérielle),
soulage leurs dos de quelques kilos. Les lacés se resserrent,
le ciel se charge, la lumière solaire disparaît. Et les
premières glaces approchent, de gros flocons tombent du ciel.
La mule renonce.
Florent
et Fred hissent la board sur le sac et, guidés par la lueur du
refuge, s'enfoncent dans cette nuit étrange, hivernale et africaine
à la fois. L'aube est un nouveau départ, pour le sommet
cette fois. Une poudre légère recouvre le relief, les
nuages ont débarrassé le planché céleste.
Pas à pas, les snowboarders avalent les 4 167 mètres du
Toubkal. Le temps de contempler les déserts lointains qui bordent
le massif, les villages perdus dans les vallées profondes...
et la board est chaussée.
Les premières courbes mettent les deux voyageurs à l'heure.
La poudre vole certes, mais la glace n'est pas loin, tout comme ces
vertigineuses faces rocheuses... On se concentre, les appuis se précisent,
la vitesse à nouveau gagne du terrain. Plus bas dans les grandes
combes c'est le bonheur. La montagne se fait terrain de jeu, petites
barres rocheuse, pipe 100% naturel, belles lignes bien directes... les
riders sont lâchés, ils en redemandent.
A deux heures de voiture des montagnes, la houle atlantique se casse
sur les rochers. Les spots renommés attirent surfers de l'Europe
entière, parfois de plus loin. Entre Agadir et Essaouira la côte
accueil leurs campings cars. Certains bloquent deux mois, trois mois,
un hiver, loin des rigueurs météorologiques.
Et les vagues se forment progressivement, un mètre, deux mètres,
trois mètres... Il faut être là, pas se presser,
guetter. Florent et Fred ont choisi Taghazout. Pointe des ancres, la
source, Killer point, ils surveillent leurs spots comme un lait sur
le feu, là ça marche, là pas.
Lait d'écume, me ferais-tu l'honneur d'un deux mètres
parfait... Il se passe quelque chose, non ? Les deux surfers s'agitent,
"waxent" frénétiquement les planches, courent
à l'eau. Leur élément.
Au mépris des rires moqueurs de quelques goélands....
Un article signé par le webmaster
de plus2sport (hervé didier)
que vous pouvez retrouver sur son
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