Sous un soleil livide, de voluptueux aloès aux épines acérées marquent l’entrée du spot …
Un Point Break en droite, 3 pics successif : le Point, l’Inter et le Bowl.
C’est un grand jour, les 3 sections connectent : un ticket gagnant pour 300 m de ride et un shoot phénoménal à la sortie du tube …
Une sacré bonne raison pour susciter la convoitise de tous et la haine des locaux pour les Kook.
Visible dès la descente, la hiérachie est immuable. Au Point, le gang règne sur le pic, à l’Inter c’est le domaine des « Nécrophages » baptisés ainsi car ils grattent les restes de la première section où parfois le déferlement se meurt. Enfin au Bowl, la meute : les bannis du Point. Tous épient le nouvel arrivant, les conflits pour la vague sont permanents…

Les épaules en feu, Track n’en montre rien et les regarde dans les yeux avec, en ligne de mire le pic du Point. Les aboiement de la meute déchirent le silence :
« Raaaa, y a vraiment des enculés aujourd’hui ! »
« Ouai, on a des Put1 de bonnes conditions et des Fils de P. qui viennent casser les couilles ! »

Track poursuis sa rame contournant l’Inter sous les regards de hyènes des Nécro qui craignent pour leurs restes d’écume.
Le Point est sous couvre-feu, 10 « Cerbères » en gardent l’entrée.Le Gang verrouille le pic.
Un niveau démoniaque et une forme physique surhumaine.
Ici la vague ne se mérite pas, elle se conquier à chaque set : Prend, hurle et frappe.
La règle de prio est simple : toujours à Right, qui prend possession du pic en s’adressant à l’un d’entre-eux :
« Bonjour ! ,
Put1 je t’ai dit bonjour ! Tu réponds pas ?! Put1 Casse toi ou je t’éclate! »
Avec une intuition quasi animale, Right bondi d’un coup de rame sur la série. Un surf félin emprunt d’un esthétisme rare, ce funambule est magnifique au fil de l’onde. Surfant au plus creux, sa vitesse diabolique lui confére un roller explosif sur la lèvre.

Un Nécro, croyant anticiper une éventuelle fermeture se jette dans la pente, Rigth lui inflige le même sort qu’à la lèvre … à l’impact le gratteur hurle de douleur, le choc est épouvantable.
Emmergeant du linseul d’écume, Right crawle vers le taxeur en ayant pris le soin de lever sa montre de son poigné. Il la serre dans sa main à la manière d’un poing américain et frappe : la G.Shock éclate la machoire puis l’arcade du gratteur, qui s’ouvre comme un fruit trop mûr.
La meute du Bowl n’a rien perdu de la scène et c’est sous les hués que le Nécro tente de regagner le bord, , tandis que le sel lui brule les chairs à vif.
Right vocifère : Comme les conditions, sans pitié !

Survolant la barre pour rejoindre le Pic, sans essoufflement il s’adresse à Track :
« Bonjour ! »
Un lightning bolt dans chaque œil le trahit : un line up de coke a servi de détonateur à sa session.
Rageur il répète : « Bonjour ! », ne lachant pas sa proie des yeux …

“Bonjouuuuuuurrrr !” s’égosille Right, le menton tendu vers l’intrus. Track jauge son « adversaire » , la combi noire, démesurément enflée aux épaules et aux dorsaux, lui fait penser à Batman. Aucun scratch n’enserre la cheville de Right qui croit discerner de l’admiration dans les yeux de sa « proie » : « Pas d’entrave ! » déclame t-il.
« Suis moi, tu choisiras ta vague … » Track est abasourdi. Un brainstorming insupportable tempête sa conscience. Choisir sa vague !, ici ! Prendre la plus belle, sous les auspices de Right, il est subjugué…

Track est séduit par ce « cadeau » mais sait aussi que Rigth ne donne rien, et fait payer cash… Quel est le prix pour un tel luxe ? Exorbitant ? Refuser l’invit serait passer pour un pleutre, banni du spot, bannis des bannis !
Les « cerbères » s’écartent laissant passer le duo, Right en tête. Un barrel rougeoillant au feux du couchant pour take off et une lèvre qui crache sa fureur sur le glassy poli/miroir … le pic du point.

Right rugit : « la promesse du ride de ta vie ! ».
Track, lui, est tarodé par le doute… Profitant de l’accalmie, d’une brasse, Right s’empare de la cheville de Track, dé-scratch et vire le leash : « tu peux choisir maintenant ! » Perclu d’angoisse, Track tente de se dominer. Son instinct de conservation envisage le pire : une chute sans la « bouée ».

Il y a plus de dix ans, son leash se rompait. Impossible de revenir à terre face à un backwash qui l’avait appé. Les poumons en feu et la tête dans un étau, Track failli s’abandonner au bouillon et fut sorti de la « marmite » par un de ses potes.
Les secondes passent et le temps n’est plus à l’hésitation : un set infernal s’enroule autour du Point. La première pousse trop d’eau, la deuxième subira les assaults du backwash, ce sera la troisième Right s’adresse calmement à Track : « The big fat one pour toi Track. Elle me revient de droit, je te la cède. Fait le voyage jusqu’au bout … de l’Enfer …Hahahahaha ! »
Dans un craquement sourd, l’onde veloce se courbe, rassemblant toute sa puissance, elle bondi sur Track … projeté en avant, tétannisé par la vitesse, son intuition organise le bottom … ne pas penser, la peur de chuter fait chuter… « look at the face, lesson to the bells ... it’s from hell »
A quelque mètre devant lui, la lèvre d’écume finement ciselée laisse entrevoir la réalité hors du dôme d’opale … Track exulte de tout son être, le tube le transcende.Extase charnelle, ultime vibration spirituelle.Un rire sarcastique le surprend, Right l’a suivi …

A fond sur le rail, Right passe en force : « alors petit, on me droppe ! hahaha … »
Track est effaré par ce fou qui le double, remonte la paroie liquide, étrangle un rire carnassié la tête à l’envers, et disparaît dans l’écume hurlante.
Le wipe out est inéluctable : ascenseur destination le reef, dans une désintégration totale de la vague. Le set a littéralement nettoyé le line up. Plus personne, et la nuit est tombée. Surnageant, pris d’une toux rauque, Track n’a qu’une obsession : sa planche de … salut. Frolant l’affolement et l’asphyxie, il aperçoit celle de Right qui oscille au gré du clapot. Il s’en saisie aussitôt, s’apaise et cherche un « taxi » de retour au hasard d’une série. Le manque de lumière l’oblige à éveiller tous ses sens pour prendre une vague.

Ne voyant plus la houle enfler sur un horizon d’encre noire, il « ausculte » la pente avec le risque d’être trop à l’inside. A la première tentative, il part avec la lèvre,mais la fulgurance du take off est une révélation.
L’accélération est époustouflante, digne d’un jetski. Virage en S, gerbe à tout péter : « sacré » board !, il suffit de penser pour exécuter la manœuvre. Un 360° en guise de kick out , retour au sec.

A la lueur de la pleine lune, Track comtemple sa nouvelle planche. Sur le pont, à l’avant, une vague de flamme, soulignée d’une typographie aussi étrange qu’incompréhensible. A l’arrière aucun plug pour le leash. Sur la carène flambante, sous la latte centrale en carbone : 6.6 x 18 x 3/6 - Shape by Bazouzou for ... T.r.a.c.k.

Sous la lune Track est heureux, un « Lightning Bolt » dans chaque œil.